14 Mai 2006
On peut quitter pour tant de raisons…
Bien sûr, j’en ai quitté que je n’aimais plus, que j’avais fini par détester, ou que j’avais juste eu comme amant un petit bout de temps pour tromper ma solitude quelques jours ou quelques semaines. Ceux-la ne comptent donc pas. Il n’y avait pas de véritable amour de toutes façons. Ils n'étaient que de passage.
Car on peut aussi quitter par amour, aussi étrange que cela puisse paraître. Quelques uns des hommes que j’ai quittés étaient des hommes que j’aimais réellement.
Le tout premier, j’avais 19 ans, et j’en étais pourtant raide dingue, à l’époque. Je l’ai quitté le jour où il m’a avoué avoir fait une rencontre en boîte, un soir où je travaillais. Je n’ai pas pardonné, je l’ai plaqué sur le champs et rien n’y a fait, ni ses supplications, ni le fait qu’il jurait ne pas avoir couché avec elle, bref, je n’ai rien voulu savoir, et je l’ai quitté. J’en ai pleuré des jours et des jours, mon répondeur débordait de ses messages, mais je ne décrochais pas et quand il appelait, je raccrochais sans un mot.
Pourquoi l’ai-je quitté ? Pourquoi n’ai-je pas pardonné ? Je suis comme cela. Je ne me permettrais pas de regarder un autre homme quand je suis en couple, je suis directe, sincère, et entière. Je donne tout et j’attends la même chose en retour, c’est ma façon de voir les choses, même si cela peut paraître dur.
Aujourd’hui, cet homme a 36 ans, il est marié à la nénette qu’il avait rencontrée ce soir là en boîte, et il est malheureux en ménage. Nous sommes toujours en contact, malgré les chemins très différents que nous avons pris lui et moi, et malgré les distances. Il m’a rappelée en Novembre dernier après 5 ans de silence, pour m’expliquer sa détresse et sa tristesse de n’être pas encore père (elle ne veut pas d’enfants), et il a blagué en disant que si l’on était resté ensemble on aurait déjà des enfants. Probable, mais aujourd’hui, je ne pense pas que je voudrais de cet homme…
Le deuxième que j’ai quitté, je l’aimais, mais plus vraiment d’amour… Je l’aimais d’amitié, je pense, car après deux ans avec lui, plus rien n’était merveilleux, je m’étais lassée certainement. Et lui a rencontré une fille, je l’ai senti, je lui en ai parlé, et il a avoué. Alors je l’ai plaqué directement, sans explications en lui redonnant sa clé et en lui disant que dans les deux heures, je reprenais toutes mes affaires chez lui, et que c’était terminé. Il a dit « ah bon ? juste comme ça ? » et moi j’ai dit « oui, juste comme ça ». Je crois que la soudaineté l’a surpris, le manque de pleurs, de pourquoi, de demandes d’explications de ma part, rien. J’ai juste dit c’est fini, et il n’a pas compris. Tout ça en serrant les dents, j’ai fait ce que j’avais dit, et deux heures plus tard, tout était dans ma voiture, chargée à bloc, et je rentrais chez moi. De toutes façons, je voulais un enfant, pas lui.
L’ironie, c’est qu’aujourd’hui, huit ans après, il est papa d’un bambin de 2 ans. La fille qu’il a rencontrée après moi lui a fait un enfant dans le dos au moment de leur séparation, chose que je ne me serais jamais permise de faire. Mais il aime son fils, c’est déjà cela. C’est un heureux papa célibataire, qui a la garde de son fils tous les 15 jours, et moi je n’ai toujours pas d’enfants, malgré un désir de maternité toujours très présent.
Nous sommes toujours en contact et c’est un très bon ami maintenant, c’est une victoire de plus, car réussir à transformer une histoire d’amour en histoire d’amitié n’est pas chose facile. Mais avec un peu d’intelligence et de bonne volonté, on y arrive. D’ailleurs, je pense qu’on était fait uniquement pour être amis à la base et que cette histoire était une erreur de parcours.
Le troisième homme que j’ai quitté, je l’ai quitté dans la douleur, parce que je l’imaginais être celui avec qui j’allais vieillir et vivre longtemps. Nous avions des projets de mariage, de voyages, et d’enfants.
Il était beau, très bel homme métis, charmant, séduisant, plein de charisme, plein d’humour, une classe naturelle, tendre, romantique, un peu fou, artiste, créatif, bref, vivre avec lui était un rêve. Ou presque. Le malaise est qu’il était mythomane, et un séducteur invétéré. Lorsque j’étais en déplacements, il allait voir ailleurs, mentait à tout va, et ne savait plus que j’existais. Il en arrivait à croire en ses mensonges, même si la preuve lui était mise devant le nez. Il ne supportait pas d’être seul, avait constamment besoin d’être accompagné, aimé, chouchouté... Un homme-enfant, en quelque sorte, adorable, mais très perturbé dès que je n’étais plus à ses cotés. J’étais un peu sa maman, rôle que j’aimais jouer auprès de lui de par mon coté maternel, mais malgré cela, nous avions une vraie complicité, un vrai échange, de vrais sentiments l’un envers l’autre. Sauf lorsque je devais m’absenter professionnellement.
Après une réflexion longue et douloureuse, j’ai décidé que je ne pouvais plus supporter cette vie, que je devais réagir. Sa mère était désespérée, tout comme sa sœur, et l’une comme l’autre m’ont confirmé que malheureusement, il n’y avait rien à faire contre cela, qu’elles le savaient depuis toujours… Alors j’ai pris ma décision le jour où je me suis rendue malade d’avoir menti à une amie pour couvrir ses mensonges à lui. Parce que j’en étais arrivée là : mentir par amour… Et mentir ne me ressemble pas, ça me rendait dingue. J’avais l’impression de n’être plus moi-même, de ne plus être en phase avec moi-même, alors j’ai réagi. Sachant que jamais je ne serais parfaitement heureuse avec cet homme, je l’ai donc quitté.
Nous avons eu du mal à nous séparer, on s’est beaucoup déchiré, beaucoup disputé, on s'est fait beaucoup de mal, la relation était passionnée, passionnelle, mais terriblement destructrice. On s'est beaucoup aimé et beaucoup détesté au final… Il m’a fallu quelques années pour en faire le deuil.
Et jamais je ne l’ai revu. C’est bien le seul que je n’ai pas souhaité garder comme contact.
Dernièrement, j’ai aussi quitté un homme, même si l’histoire n’en était qu’à son balbutiement. L’histoire est trop récente, et je n’ai pas le recul nécessaire pour en parler, mais c’est à nouveau par fierté que je suis partie, une fois de plus. La trouille, mêlée à l'incertitude, et surtout ce sentiment de trahison insupportable ont eu raison de moi, une fois de plus, et j'ai préféré arrêter net. Le rationnel l'a emporté sur les raisons du coeur...
Et depuis je me rends compte que ma fierté et mon amour propre ont toujours triomphé dans mes histoires.
A tort ou à raison ? Aucune idée.
Mais je suis entière, je ne me contente pas de peu, je suis exigeante, je demande beaucoup. Car moi je donne beaucoup, et je me donne toujours à 100%, jamais à moitié.
Alors j’estime que je peux me permettre de demander la même chose en face.
Donc, après toutes ces années, j’en suis toujours au même point, à rechercher ce que je peux offrir, à savoir l’intégrité, la sincérité, le respect, la franchise,
L’AMOUR
tout simplement, pur et inconditionnel…
NB : illustrations de Talenbtek Chekirov